Dans l'attente du baiser
Sur mon front déposé,
La promesse délicieuse
A l'espérance odieuse
Du doux parfum d'un songe.
Insoupçonné mensonge !
Qui, comme en confidence,
Prédit ma bonne chance.
Cet ange qui fit, cruel,
De mon corps immortel,
De ma chair blanche entière
La coriace matière ;
A l'aube ne voulait-il
Lever le voile d'exil
Dont je ne saisi bien
Tous les divins desseins ;
Ne daigne de sa lame
Émanciper mon âme,
Alors qu'il sait narguer
Dès lors l'ancre larguée
De ce vaisseau immonde
Duquel je n'ai de droit,
Entraînant sur les ondes
Du Styx d'infidèles proies.
Et les elfes dansent défiés,
Déposant à mes pieds
Le ténébreux diadème
Comme céleste anathème.
Considère les ravages !
Figure pâle de l'orage
Qu'ornent de distraits sourires
Que ma folie inspire.
Par delà les étés,
Mon envol avorté
S'oublie dans les cantiques
De pays chimériques.
Aux fleurs chagrines du monde,
Que tant de pleurs inondent,
Eaux d'à l'iris, chlorose
Et flétrissent la rose.
De mes lèvres violacées
S'échappe un souffle glacé.
Et je rêve en sanglots
A de sombres tombeaux,
Lovée dans les ténèbres.
Mais au gouffre funèbre
Maints blasphèmes ne hâtent,
Et seules les fleurs se gâtent.