Résidante de Cythère depuis deux décennies,
Les grâces m'ont oubliée, les seigneurs m'ont honnie.
Avancerai-je sans elles dans cette allégorie ;
Comme l'engrais fait fleurir, que l'ennui a nourri ?
Dans un bain rouge et or, comme le soleil se couche,
Le destin m'emprisonne et dépose à ma bouche
Le sinistre et noir baiser, seul autorisé.
Au berceau retournerai chercher les fils brisés,
Voir l'erreur initiale qui fit l'inéluctable,
L'oxygène toxique et l'espoir vulnérable.
De son geste obituaire, le spectre peint sur moi
En artiste éphémère, les ailes de mon émoi.
Ainsi mes jours de nuit s'irisent d'amarante.
Dès lors ce corps qui, au phoenix s'apparente,
Que les larmes remplissent et réduisent en cendre,
Voit les plumes saillirent et la voûte descendre ;
Apaisant les pensées de son ombre pleureuse.
Comme la mue est lente et comme douloureuse
Est la métamorphose qui conduit à l'envol
De la source du fleuve carmin qui coule au sol.
Au néant qui submerge nul autre antidote…
Sous la pression du vide, mes veines sanglotent
Et l'humeur essentielle rejoint l'eau du Léthé
Où se baignent les fées de l'oubli fomenté.