En équilibre précaire sur le fil des secondes,
Je marche à l’envers, à l’inverse du monde ;
Sur la marelle du temps, je me suis étendue,
Et loin dans le ciel blanc mon caillou s’est perdu.
Prisonnière malgré tout du printemps de ma vie,
Le carcan n’est plus doux, même aux barreaux fleuris !
Car les feuilles rougissent aux tréfonds de mon corps
Et s’amassent et pourrissent, l’entraînant à sa mort.
Et mon oreille inquiète, au pays enchanté,
Entend bien la clochette des créatures ailées…
Tombée la tête en l’air dans le calendrier
Je ne sais me complaire dans cette chute effrénée.
Ni leurre à mon talon, ni le rouge à mes lèvres
Ne feront illusion à cette maudite fièvre.
Du désinvolte Hermès : stopper la course folle,
Qui dans sa maladresse s’est trompé de boussole,
Je veux que les cristaux sinistrement solides
Ruissellent à nouveau dans le sens du vide.
Ma fontaine de Jouvence, jamais ne se tarie,
A l’heure de l’insouciance, quand les anges dansent et rient,
Mais il manque l’innocence à mon arbre de vie
Qui nourrit dans l’enfance des bourgeons de folie.
Etendue à son seuil, des étoiles sur ma peau,
Je contemple les feuilles dont je pleure le repos.
Et chaque instant lucide dans cette contemplation
Trouve l’aiguille perfide qui distille son poison.